Quelle que soit la complexité des dispositifs mis en œuvre pendant la phase 1, les études de phase 2 visent à développer des tests cliniques permettant de mesurer des biomarqueurs au sein d’échantillons recueillis simplement, que ce soit dans le sang, l’urine, les selles ou la salive.
Il s’agit d’abord de vérifier que ces tests fournissent des résultats reproductibles, à l’intérieur d’un laboratoire et d’un laboratoire à l’autre, de confirmer la corrélation entre leurs résultats et ceux des études de phase 1 et, enfin, d’évaluer leur capacité à distinguer des patients atteints d’un certain cancer de personnes « témoins », en bonne santé.
Cependant, si cette capacité à faire la différence entre personnes malades et individus sains est nécessaire, elle n’est nullement suffisante : un test de dépistage doit surtout démontrer qu’il est capable de détecter la maladie avant qu’elle ne soit apparente d’un point de vue clinique, c’est-à-dire avant la manifestation de symptômes.
Les études de phase 3 se concentrent ainsi sur la mesure des biomarqueurs préalables au diagnostic. Pour y parvenir, elles doivent s’appuyer sur des banques d’échantillons, en général du sérum sanguin. Prélevés en routine sur des personnes qui font l’objet d’un suivi régulier, ces échantillons sont associés à des données médicales. Les chercheurs peuvent ainsi comparer des échantillons biologiques qui ont été recueillis chez des individus avant le diagnostic de leur cancer avec les échantillons d’individus de même âge et indemnes de la maladie.
Les études de phase 3 sont cruciales parce qu’elles ouvrent une fenêtre sur l’histoire naturelle de la maladie de la maladie (son déroulement en l’absence d’une quelconque intervention) et l’évolution du biomarqueur étudié. La connaissance de profils d’évolution d’un biomarqueur peut notamment se révéler utile pour développer des protocoles de tests qui, parce qu’ils seraient répétés à intervalles réguliers, seraient plus sensibles et plus spécifiques qu’une mesure unique du biomarqueur. Ce type de protocoles est par exemple à l’étude pour la détection du cancer de la prostate à l’aide d’un biomarqueur identifié depuis longtemps, l’antigène spécifique de la prostate (PSA) : sa vitesse annuelle d’évolution pourrait être un moyen de détection plus efficace que son niveau absolu.
A la sortie des études de phase 3, les chercheurs savent si un biomarqueur est capable de détecter un cancer avant son diagnostic clinique. Ils ont évalué ce qu’on appelle la sensibilité d’un test, c’est-à-dire le pourcentage de test positif chez les malades. Ils ont une estimation du temps qui sépare la possibilité de détection du diagnostic. Mais ils ignorent le stade précis de la maladie lors de la détection. Or cette question est importante, car un test ne permettant d’identifier que des cancers à un stade de dissémination dans l’organisme perd beaucoup de son intérêt.
Pour répondre à cette question, il est nécessaire idéalement de passer par des études de phase 4, qualifiées de prospectives : on constitue une population suffisamment importante, dépourvue de symptômes, on la soumet au test à l’étude et on procède à un suivi rigoureux des individus pour lesquels le résultat du test est positif. Ces études fournissent deux informations : elles permettent d’estimer le pourcentage de la population qui répond positivement au test et, surtout, de déterminer, à la fin de l’étude, le nombre de « faux positifs », c’est-à-dire le nombre de personnes non malades pour lesquelles le test s’est révélé positif (ce qui permet de calculer la spécificité du test). On peut ainsi procéder à des estimations préliminaires des coûts qu’engendrerait un dépistage fondé sur ce test.