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Chercher pour mieux prévenir

Chercher pour mieux prévenir les cancers, c’est tenter d’identifier de nouveaux moyens à mettre à disposition des individus et de la collectivité afin de réduire les risques d’être atteint par la maladie :

  • si de nouvelles causes du cancer sont dévoilées, on peut éviter de s’y exposer ;

  • si de nouveaux modes d’intervention se révèlent efficaces, on peut choisir de les adopter.

Parce que tout le monde est concerné, les médias accordent beaucoup d’attention à la parution d’études dans ce domaine. Il se passe rarement une semaine sans qu’on entende parler d’un risque de cancer lié aux téléphones portables, aux pesticides et autres polluants, sans qu’on annonce la découverte d’un nouveau gène de susceptibilité au cancer, sans qu’on évoque un aliment, voire un médicament qui protégerait de la survenue de tel ou tel cancer, etc.

Quelques clés d’interprétation des études

Risques forts, risques faibles

Facteurs génétiques, facteurs externes

Aliments et médicaments préventifs

Autres axes de recherche

Quelques clés d’interprétation des études

Comment interpréter le flot d’informations issues du monde de la recherche ?

  • Il est d’abord utile de comprendre quel type d’études a produit le résultat affiché. Si les travaux ont été menés en laboratoire ou sur des animaux, il s’agit d’études précliniques et leurs résultats doivent toujours être considérés comme préliminaires. S’il s’agit d’études dites d’observation, elles peuvent révéler l’existence d’un lien entre deux facteurs, mais elles ne prouvent pas qu’un facteur soit la cause de l’autre. Les études qualifiées de méta-analyses sont a priori importantes parce qu’elles combinent les résultats de nombreuses études différentes et font appel à des techniques statistiques sophistiquées pour en extraire les données pertinentes. Enfin, les essais cliniques dits « contrôlés et randomisés » représentent le nec plus ultra de la recherche médicale et, en réalité, ce sont les seuls permettant de prouver si un type d’intervention (médicament, aliment, etc.) apporte des bénéfices sans engendrer d’effets nocifs.

  • Il est recommandé de vérifier que les résultats affichés sont issus de publications dans des revues à comité de lecture et de ne pas s’arrêter aux titres accrocheurs qui transforment ces résultats de la recherche en formules simplificatrices.

  • Il faut savoir qu’il n’est pas rare que des études publiées dans des revues prestigieuses soient contredites ou modifiées par des recherches ultérieures. C’est peut-être frustrant, mais toute information nouvelle, à condition qu’elle soit bien étayée, est à prendre en considération, même si elle jette un doute sur des faits qu’on croyait établis. Cette observation ne signifie nullement qu’il serait préférable d’attendre une nouvelle étude avant d’agir en matière de prévention : elle incite plutôt à une mise en œuvre raisonnée du principe de précaution.

  • Enfin, la lecture d’un résultat de recherche, pris isolément, ne doit pas nécessairement induire une modification de son comportement individuel. Pour ne pas négliger d’éventuelles conséquences insoupçonnées, il est préférable d’en discuter avec son médecin.

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Risques forts, risques faibles

Aujourd’hui, les scientifiques sont parvenus à identifier les principaux facteurs de risques de cancer liés à notre mode de vie : le tabac, l’alcool, l’obésité et l’exposition au soleil. Ils ont également mis en évidence des facteurs génétiques prédisposant à certains cancers, par exemple au cancer du sein. Et, outre les modifications de comportement (arrêter de fumer, manger sain, etc.), divers moyens d’intervention ont déjà été développés : en 2007 par exemple, après de nombreuses années d’études, un vaccin destiné à lutter contre le cancer du col de l'utérus a été mis à disposition des jeunes femmes et des adolescentes.

Mais, d’une certaine façon, ces acquis de la recherche représentent la partie émergée de l’iceberg, la plus facile à visualiser, celle des risques relativement forts: le lien entre papillomavirus humain et cancer du col de l’utérus est bien connu, les liens entre tabagisme et cancer du poumon ou amiante et mésothéliome sont puissants, l’existence de familles à risque de cancer du sein a permis de mettre les chercheurs sur la piste des principaux gènes de prédisposition, etc.

S’attaquer aux causes de cancer encore inconnues, à la partie immergée de l’iceberg, c’est partir à la recherche de relations, plus subtiles et complexes qu’auparavant, entre les gènes et « l’environnement » au sens large, c’est-à-dire tous les facteurs externes susceptibles d’influencer le fonctionnement de nos cellules (tabac, alcool, alimentation, rayonnements, virus, etc.).

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Facteurs génétiques, facteurs externes

Pour les scientifiques, la complexité des processus à l’origine de la grande majorité des cancers est un constat auquel on ne peut échapper : une maladie résulte non seulement d’interactions entre des gènes et des facteurs environnementaux (au sens large : tabac, alcool, alimentation, rayonnements, virus, etc.), mais aussi d’interactions entre plusieurs gènes et, même, entre divers facteurs environnementaux. Dans l’idéal, pour dresser un tableau complet des causes d’un type de cancer, il faudrait donc être capable d’évaluer, sur de larges populations et sur le long terme, à la fois les variations génétiques et les variations des expositions environnementales.

On comprend que la tâche soit immense et qu’elle exige une grande rigueur dans l’interprétation des liens subtils éventuellement mis à jour. Du côté environnemental, les niveaux d’exposition faibles et chroniques représentent un défi particulièrement difficile à relever.

Les outils nécessaires se mettent progressivement en place : des collections d’échantillons biologiques bien documentées se constituent, des plateformes d’études génétiques à haut débit deviennent accessibles, la méthodologie statistique s’affine, les bases bioinformatiques se développent et les consortiums de recherche internationaux s’organisent. Les premiers fruits de ces travaux commencent à apparaître dans la littérature scientifique. La dynamique est enclenchée et nul ne doute qu’elle prenne de l’ampleur dans les prochaines années.

Grâce à leurs nouveaux outils, les chercheurs sont ainsi désormais en mesure de comparer les génomes de personnes atteintes d’un certain type de cancer avec les génomes de personnes saines : c’est ce qu’on appelle les études d’association sur le génome entier. Par principe, la recherche des anomalies génétiques s’y effectue à l’aveugle, sans idée préconçue sur le rôle de tel ou tel gène. Ces études produisent donc véritablement de l’inédit : elles identifient notamment des variations génétiques au sein de régions du génome qui, jusqu’alors, n’étaient pas reliées à la maladie. Certes, les risques associés à ces variations sont relativement faibles et, pour l’instant, il serait imprudent d’en tirer des conclusions hâtives. Ces études présentent surtout l’intérêt de lancer les chercheurs sur des pistes nouvelles, pour mieux prévenir les cancers mais aussi les détecter plus précocement et mieux les soigner.

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Aliments et médicaments préventifs

L’idée qu’une substance quelconque, de nature alimentaire ou médicamenteuse, puisse réduire le risque de cancer est ancienne. Dans la pratique, une telle substance doit être efficace, facile à administrer et entraîner un minimum d’effets indésirables. Pour déterminer l’efficacité préventive d’un agent quelconque, le moyen le plus rigoureux est l’essai contrôlé et randomisé (de l’adjectif anglais random, qui signifie aléatoire) : dans une population de volontaires, deux groupes d’individus sont constitués par tirage au sort ; l’un reçoit l’agent préventif étudié, l’autre un placebo ; à la fin de l’essai, on compare le nombre de cancers apparus dans les deux groupes et on évalue la survenue d’effets indésirables dans le premier groupe.

Pour que leurs résultats soient statistiquement significatifs, de telles études doivent inclure un grand nombre d’individus et, en raison de la nature de la maladie, elles doivent se dérouler sur une longue durée. Leur coût est très important et leur risque d’échec non négligeable. Elles ne peuvent donc concerner qu’un tout petit nombre d’agents préventifs.

Pour réduire la durée de l’étude d’un agent préventif, les chercheurs ont la possibilité de recourir à un indicateur de substitution ou « biomarqueur » : plutôt que d’attendre la survenue des cancers, ils regardent ainsi l’effet de l’agent étudié sur un critère biologique intermédiaire, un biomarqueur dont la modification est censée précéder l’apparition des symptômes d’un cancer donné. Ce type d’études est appelé à se multiplier puisque, grâce aux outils de génomique, épigénomique et protéomique, un nombre croissant de biomarqueurs sont identifiés pour chaque type et sous-type de cancer.

Une autre approche prometteuse consiste à tirer profit des diverses bases de données qui, de plus en plus, sont utilisées par les systèmes de soins dans les pays développés. Des registres de tumeur aux dossiers médicaux, elles représentent une mine d’informations disparates sur de vastes populations. Si la plupart n’ont pas été conçues pour la recherche, ces bases de données sont néanmoins susceptibles d’être mises en relation et exploitées de façon astucieuse par les chercheurs pour déceler le potentiel préventif de tel ou tel agent. Ce type d’approche a déjà été mis en œuvre, par exemple, pour évaluer si l’aspirine ou les statines, des molécules prescrites dans le cadre de maladies cardiovasculaires, pourraient prévenir le cancer colorectal. De telles études ne sont pas exemptes de difficultés méthodologiques, éthiques et réglementaires, mais, avec la montée en puissance des systèmes informatiques de santé, elles représentent une alternative intéressante pour mener, à moindre coût, des recherches en matière de prévention.

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Autres axes de recherche

Les axes de recherche évoqués dans les chapitres précédents constituent essentiellement des pistes nouvelles. Bien entendu, que ce soit dans le domaine de l’épidémiologie, de la nutrition, de la pharmacie, de l’économie ou des sciences humaines et sociales, de nombreuses pistes plus classiques continueront à être explorées, à produire des résultats et, probablement, à alimenter les revues scientifiques en controverses : ce domaine de recherche y est particulièrement vulnérable en raison même de la multitude de facteurs impliqués dans la survenue d’un cancer et de la durée du processus de développement de la maladie.

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