Tous les cancers ne se dépistent pas. Proposer un dépistage, suppose qu’un certain nombre de critères soient rassemblés, qui concernent la maladie elle-même, le test de dépistage, les traitements disponibles…
Par ailleurs les cancers peuvent se dépister selon différentes modalités. On parle de dépistage « organisé » lorsque les autorités de santé invitent systématiquement toute une partie de la population à pratiquer régulièrement un examen de dépistage. On parle de dépistage « individuel » lorsque la démarche est envisagée dans le cadre de la relation interindividuelle entre un patient et son médecin.
Les critères qui justifient la mise en place d’un dépistage
Les cancers dont le dépistage est organisé
Les cancers dont le dépistage est individuel
Les cancers qui peuvent être repérés précocement
La maladie doit représenter un problème important de santé publique : être fréquente et entraîner une mortalité importante. C’est le cas pour les cancers du sein et du cancer colorectal qui font l’objet d’un dépistage organisé.
L’histoire naturelle de la maladie (c’est-à-dire son évolution en l’absence de traitement) doit être connue. Le cancer doit notamment présenter une phase d’évolution « cachée » sans symptômes assez longue, au cours de laquelle il pourra être dépisté. Si cette phase appelée « préclinique » est trop courte (exemple des leucémies et de certains cancers du poumon), le dépistage est impossible.
La maladie doit pouvoir être découverte à un stade auquel il existe un traitement efficace. C’est le cas des cancers du sein et du cancer colorectal par exemple. A l’inverse, ce n’est pas le cas aujourd’hui du cancer du poumon.
Il doit exister un test de dépistage performant, c’est-à-dire idéalement à la fois sensible (ne pas « rater » de cancers) et spécifique (limiter le nombre d’examens complémentaires inutiles). Le résultat d’un test peut en effet s’avérer erroné, soit par défaut (n’a pas pu déceler un cancer) soit par excès (résultat positif non confirmé par les examens complémentaires). Le but est de limiter à la fois les faux négatifs et les faux positifs.
Le test doit être reproductible, peu coûteux et acceptable pour la population, c’est-à-dire simple, facile à réaliser et sans danger.
Au total, les effets positifs attendus du dépistage doivent l’emporter sur les effets négatifs qui doivent rester acceptables :
Effets positifs |
Effets négatifs |
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Un dépistage organisé du cancer du sein existe depuis plusieurs années en France. Il s’adresse aux femmes âgées de 50 à 74 ans qui ne présentent pas de symptômes et qui ne sont pas à risque élevé de cancer du sein. Des structures sont chargées d’organiser ce dépistage à l’échelon départemental en lien avec les professionnels de santé. Concrètement, elles invitent tous les 2 ans par courrier toutes les femmes âgées de 50 à 74 ans à réaliser une mammographie chez un radiologue à choisir parmi une liste de spécialistes agréés. Cet examen est pris en charge à 100%.
En l’absence de la possibilité d’une prévention efficace, le dépistage du cancer du sein est un moyen déterminant de lutter contre ce cancer. Si 70% des femmes de la tranche d’âge y participaient, on estime que la mortalité par ce cancer pourrait être réduite de 30%, soit environ 3 000 décès évités chaque année.
Le dépistage du cancer colorectal est entré en 2008 dans sa phase de généralisation effective à tout le territoire. Des structures sont chargées d’organiser ce dépistage à l’échelon départemental en lien avec les professionnels de santé. Concrètement, elles invitent tous les 2 ans par courrier tous les hommes et femmes âgées de 50 à 74 ans à aborder la question du dépistage du cancer colorectal avec leur médecin traitant et à effectuer un test de recherche de sang dans les selles s’il s’avère indiqué dans leur cas.
En l’absence de la possibilité d’une prévention efficace, le dépistage du cancer colorectal est un moyen déterminant de lutter contre ce cancer. On estime que la mortalité par ce cancer pourrait être réduite de près de 20% si la moitié de la population concernée y participait.
Le dépistage du cancer du col de l'utérus par frottis s’effectue sur proposition du médecin traitant ou du gynécologue à sa patiente. C’est la raison pour laquelle on parle de dépistage individuel : l’ensemble des femmes concernées ne sont pas systématiquement invitées à le pratiquer. Les autorités de santé recommandent de pratiquer un frottis tous les 3 ans de 25 à 65 ans, après deux frottis négatifs espacés d’un an.
Il existe des examens permettant de conduire à une détection du cancer de la prostate avant l’apparition de symptômes : l’Association Française des Urologues recommande ainsi qu’un dépistage de ce cancer par toucher rectal associé à un dosage du PSA (de l’anglais « Prostate Specific Antigen ») soit proposé aux hommes de plus de 50 ans.
Cependant, à l’heure actuelle, il n’existe pas de consensus scientifique permettant de conclure à la justification de ce dépistage à grande échelle. Il n’existe pas de preuve qu’un dépistage organisé entraînerait une baisse de la mortalité due à cette maladie. Par ailleurs le risque de surdiagnostic est élevé pour ce cancer : risque de dépister des cancers qui ne se seraient jamais développés ; et donc risque associé de traitements en excès avec des effets secondaires invalidants (incontinence urinaire, troubles d’ordre sexuel).
Des études ont été lancées en Europe et aux Etats-Unis. Dans l’attente des résultats, la décision de dépister ce cancer se prend au cas par cas, après discussion entre un individu et son médecin traitant ou son urologue.
Les cancers de la peau ne peuvent pas être « dépistés » au sens strict puisqu’on ne peut pas les identifier avant l’apparition de symptômes. Il est cependant possible de les détecter précocement par un examen visuel de l’ensemble de la peau destiné à repérer les taches pigmentées ou les grains de beauté pouvant faire suspecter un cancer. Communément appelé dépistage des cancers de la peau, cet examen est en général pratiqué par le dermatologue. Dans la pratique, le médecin traitant oriente vers un dermatologue lorsqu’il identifie une personne à risque (peau claire, nombreux grains de beauté, antécédents familiaux de cancer de la peau…) ou s’il repère une tache suspecte sur la peau au cours d’un examen.
La détection précoce des cancers de la peau est capitale, en particulier pour le plus grave d’entre eux, le mélanome. En effet, détecté tôt, il peut la plupart du temps être guéri. Mais en cas de diagnostic tardif, les chances de guérison diminuent considérablement car le mélanome s’étend rapidement à d’autres parties du corps et les traitements existants sont alors peu efficaces. La détection précoce est donc le principal moyen dont on dispose aujourd’hui pour réduire la mortalité par mélanome.
Sur le site de l'Institut National du Cancer
Ailleurs sur internet
Evaluation épidémiologique des programmes de dépistage des cancers, sur le site de l’Institut national de Veille Sanitaire (InVS).
Éléments d’information des hommes envisageant la réalisation d’un dépistage individuel du cancer de la prostate , sur le site de la Haute Autorité de Santé (HAS).
Stratégie de diagnostic précoce du mélanome, sur le site de la Haute Autorité de Santé (HAS).